CE QUE J'AI VECU...

DES SIGNES QUE JE NE VOULAIS PAS VOIR ...

Avant de rencontrer la maladie, des symptômes apparaissent. Avec du recul, je me dis que j'aurai pu m'en douter... Depuis plusieurs années, je rencontrais des signes, sans importance à mes yeux. Chaque émotion contrariante provoquait une réaction immédiate au niveau des testicules, en particulier le droit. Je ressentais une lourdeur, une sorte de stress localisé. Rien de bien inquiétant jusqu'au jour où cette douleur s'est intensifiée. C'était lors d'un rapport sexuel, ou plutôt après. Croyant que tout ceci allait se passer, je fermais les yeux sur cette souffrance. Têtu, je n'écoutais pas les conseils de Sonia, mon amie, qui voulait que je consulte un médecin. L'idée même de m'exposer devant lui me gênait. Je reculais de jour en jour le moment d'une éventuelle visite. Sonia et Maman me mettaient de plus en plus la pression. Devant moi Sonia a cherché sur Internet (outil très efficace!) une possible traduction de mon problème. Le résultat fut sans ambiguïté : le mot "cancer" était présent partout. Dés le lendemain, j'ai pris rendez-vous.

 

LE JOUR DE L 'ANNONCE DE LA MALADIE

Ayant mal dormi la veille, j'avais rendez-vous à 9H chez mon généraliste. Je lui demande si j'ai un cancer, il me répond que j'ai seulement un kyste. Il me propose quand même d'aller faire une échographie et de consulter un urologue. Je passe donc chez mes parents pour appeler les cabinets de radiologie, un seul peut me recevoir tout de suite. J'ai alors passé une échographie. Les traits de visage du radiologue étaient très marqués. Il n'a pas attendu mille ans pour m'annoncer le résultat. Je suis allongé devant lui, et je peux voir l'écran sur lequel sont transmises les images. C'est ainsi qu'il pointe son ustensile sur la photo du testicule gauche et me dit : "ça c'est normal", puis sur celle du testicule droit en y ajoutant :"ça c'est pas normal". C'est à ce moment qu'il me dit qu'il avait deux nouvelles à m'annoncer, une mauvaise et une bonne : tout d'abord, il m'a fait comprendre par des termes scientifiques que j'avais un cancer, et puis il a ajouté que j'aurais le sourire dans six mois! J'ai parlé avec lui environ une demi-heure, pendant laquelle il m'a expliqué que ce type de cancer se soigne très bien, que le plus dur sera de côtoyer le milieu hospitalier et de rencontrer des gens malades, notamment des personnes âgées. Ce radiologue a su me dire en quelques mots ce que j'allais vivre. Pendant toute cette maladie, il fut le seul individu  capable d'être explicite avec moi. Aujourd'hui je tiens d'ailleurs à le remercier .Je me suis rhabillé avec du mal, j'ai dû attendre encore 10 minutes dans la salle d'attente en essayant de contenir mes larmes devant les patients. C'est dans ma voiture que je me suis totalement effondré... Je pleurais de toute mes forces en criant : "pourquoi moi?". J'ai essayé de joindre Maman et Sonia. Je paniquais tellement que je n'ai même pas réussi à passer un seul coup de fil.

J'ai pris le volant au milieu des angoisses, des pleurs et des tremblements pour aller voir l'urologue. Son auscultation fut brève. Il me proposa de m'opérer le lendemain. Encore sous le choc, je ne réalisais pas. Heureusement, Sonia, que je cherchais partout, m'attendait dans le couloir. Aussitôt nous sommes allés ensemble au CECOS pour recueillir mon sperme. C'était urgent de le conserver avant tout traitement, en cas de stérilité future. J'avais du mal à croire que j'allai éjaculer grâce à mes deux testicules pour le dernière fois. Et puis quelques heures après un choc pareil, l'épreuve me paraissait insurmontable. Il a fallu être fort. Petite astuce : possibilité d'effectuer le recueil avec sa conjointe.

L'annonce aux proches de ma maladie ne fut pas chose facile, surtout au téléphone. Durant tout l'après-midi, je n'arrivais pas à y croire. Nous sommes allés en ville grignoter un morceau, impossible d'avaler quoique ce soit. Je suis allé chez le coiffeur. Je suis retourné chez moi pour faire ma valise. Je n'avais plus de force, j'étais complètement effondré....Sonia ne m'avait jamais vu comme ça. C'était horrible et le pire était à venir... Très vite je me suis retrouvé sur mon lit d'hôpital, ma famille était là... Moi qui avait horreur des piqûres, même à la télévision, j'ai dû me laisser faire par l'infirmière. Tous nos pleurs nous avaient épuisés moralement et physiquement. Le soir j'avais retrouvé le sourire et je me sentais prêt, quoi qu'il puisse arriver, à combattre cette "merde".

 

OPERATIONS, EXAMENS... LA MALADIE EST BIEN LA!